Elle s’avance sur le lac en défiant l’équilibre le long du quai Ostervald, invitant au voyage vers des rivages imaginaires… Conçue en 1991 par les architectes Frank et Regula Mayer dans le cadre d’une exposition temporaire pour les festivités des 700 ans de la Confédération, la passerelle de l’Utopie se devait éphémère, mais a tellement séduit qu’elle a été conservée. Pérennisée en 2013 après une rénovation d’envergure, elle fait aujourd’hui partie des lieux emblématiques de la ville.
A l’heure où la Confédération célèbre son 700e anniversaire, Neuchâtel participe de manière originale à la « Fête des quatre cultures » avec une exposition invitant de jeunes architectes de tout le pays à réinventer l’espace public par des interventions éphémères sur le thème de l’utopie. Du Jardin anglais à la Collégiale en passant par le centre-ville, onze œuvres grandeur nature voient le jour, dont, au bord du lac, une passerelle prolongeant le môle le long du quai Ostervald (ici en 1974), imaginée par Franck et Regula Mayer, un couple d’architectes de Winterthur. Baptisée « Un accès aux utopies », cette passerelle tendue au-dessus de l’eau en défiant l’équilibre séduit les Neuchâtelois-e-s, qui se l’approprient vite. Au terme de l’exposition, les autorités communales décident alors de la conserver.
Un accès aux utopies
Reposant sur un seul appui en son milieu à l'extrémité du môle, la passerelle de l’équilibre, longue de 30 mètres au total, est conçue comme une bascule géante dont le mouvement reste suspendu dans le vide grâce à deux contrepoids. S’avançant de quinze mètres au-dessus du lac, elle offre un porte-à-faux impressionnant avec l’eau, tout en permettant de découvrir la ville et les rives sous un autre angle. Conçue comme un « accès aux utopies », elle ne débouche nulle part, sauf vers le large, invitant à se projeter plus loin que l’horizon, vers des rivages à imaginer.
En 2013, la passerelle de de l’Utopie a fait l’objet de travaux d’envergure, après avoir été fermée près de deux ans au public. Conçue pour un usage éphémère, elle a en effet mal résisté au passage du temps et ne répondait pas aux normes de sécurité exigées d’un ouvrage permanent. A l’origine, l’accès se faisait en effet directement par le môle, sans escalier ni barrière. Pour ne pas dénaturer l’esthétique de la passerelle, le projet de rénovation a été confié à ses deux architectes (ici Frank Mayer). Afin de sécuriser l’accès tout en conservant l’impression d’une passerelle posée en équilibre, un passage terminé d’un escalier a été creusé dans le môle. Les balustrades ont par ailleurs été changées et surélevées.
Impensable de la démanteler
Cette pérennisation a été possible grâce au soutien du Conseil général, qui a voté à la quasi-unanimité le crédit nécessaire à la réalisation des travaux. Au fil des ans, la passerelle de l’Utopie a en effet acquis un caractère emblématique, pour devenir une image incontournable du paysage urbain et lacustre de la ville. C’est l’une des cartes de visite touristique de Neuchâtel, en même temps qu’un lieu très apprécié de ses habitant-e-s. Une inauguration publique a d’ailleurs été organisée au terme des travaux en août 2013, pour fêter sa réouverture.
Fantomatique lorsqu’elle émerge du brouillard, elle se pare de rose au lever du soleil. Et lorsque le lac se déchaîne, on se croirait au bord de l’océan, avec les mouettes et les goélands qui se nichent sur ses barrières… Avec les statues Belle Epoque qui la surplombent, la passerelle de l’Utopie est probablement le lieu le plus photographié de Neuchâtel, par les touristes, comme par les habitant-e-s de la ville. Elle offre en effet de magnifiques clichés, par tous les temps et en toute saison !
La passerelle de l’Utopie et les statues Belle Epoque ne sont pas les seules à se retrouver sur les photos souvenir prises le long du quai Ostervald. Derrière le Collège latin trône en effet un banc géant, qui offre la sensation de devenir « liliputien » lorsque l’on s’y juche. Réalisée par l’artiste français Lilian Bourgeat et installée derrière le collège Latin pour les festivités du Millénaire en 2011, cette œuvre monumentale a été offerte à la Ville de Neuchâtel au terme de cette année anniversaire.