Certaines espèces de plantes ont été introduites artificiellement dans nos régions et se propagent de manière invasive, faute d'ennemis naturels. Elles nuisent de ce fait à la biodiversité indigène. La Confédération, le Canton et la Ville mènent un programme de lutte contre ces plantes, aussi bien dans les espaces publics que dans les jardins privés.
Le Conseil fédéral a adopté en mars 2024 une modification de l’ordonnance sur la dissémination dans l’environnement, donnant suite à une intervention parlementaire. 53 espères ou groupes d'espèces exotiques envahissantes ne pourront plus être mises sur le marché à partir du 1er septembre de la même année.
L’interdiction touche la remise de certaines plantes à des tiers, qui comprend la vente, le don ou encore l’importation. Les espèces concernées, entre autres le buddléia de David, le laurier-cerise et le paulownia, seront inscrites dans une nouvelle annexe de l’ODE. Les plantes déjà présentes dans les jardins ne tombent pas sous le coup de l’interdiction.
Des milliers de plantes exotiques cohabitent sous nos latitudes. Certaines d’entre elles, une minorité, deviennent invasives. Il s’agit de néophytes, c’est-à-dire de nouvelles espèces végétales, qui proviennent d’ailleurs. Elles sont arrivées chez nous de manière volontaire ou non, avec l’intensification du commerce et des voyages et se retrouvent souvent en vente libre, comme la buddléia de David, encore très présente dans le commerce. Après une période de latence, certaines commencent à se disséminer de manière exponentielle au détriment des plantes indigènes, menaçant la biodiversité et la santé.
Les espèces envahissantes posent de vrais problèmes pour la biodiversité, c’est même ce qui les définit en fait. Tout d’abord, là où une plante exotique pousse, une plante indigène ne peut pas pousser. Les envahissantes réduisent donc virtuellement la place disponible pour les espèces locales, et nous savons que la biodiversité indigène est déjà extrêmement fragilisée par l’expansion des activités humaines. De plus, les espèces les plus problématiques poussent généralement dans des milieux rares et très sensibles. Par exemple, les zones humides abritent une biodiversité exceptionnelle mais sont envahies par la renouée du Japon. Dans ces milieux, elles remplacent parfois totalement les espèces locales qui disparaissent !
Les espèces invasives font partie des 5 grandes causes directes de l’extinction des espèces avec le changement climatique, la conversion des espaces naturels, la pollution et l’exploitation directe des organismes.
Le Canton de Neuchâtel a recensé 14 néophytes envahissantes à éliminer, alors que Infoflora, le centre de compétences en matière d'information sur les plantes sauvages de Suisse, dresse une liste exhaustive complétée de fiches, régulièrement mise à jour.
Pour aider les particuliers, l’Office des parcs et promenades de la Ville propose ci-dessous trois espèces qui sont le plus présentes sur le territoire communal. Souvent utilisées pour leurs vertus paysagères ou de protection visuelle, ces plantes demandent très peu d’entretien, mais nuisent grandement à notre écosystème. Il est possible de les remplacer par d'autres espèces tout aussi attractives visuellement, mais favorisant la biodiversité.
Solidage américain
Ces plantes herbacées vivaces présentent de nombreuses petites fleurs jaunes le long des rameaux avec de longues feuilles de 7 à 15 cm, bordées de dents. Leur tige peut être verte ou rougeâtre. Elles envahissent aussi les cultures, les praires et les pâturages. Il faut les couper avant qu’elles ne grainent ou les arracher.
Pour le remplacer : rudbeckia, échinacée, achillée millefeuille jaune, tanaisie.
Laurier-cerise
Mesurant jusqu’à 8 mètres de haut, le laurier-cerise est facilement reconnaissable grâce à ses feuilles luisantes et coriaces. Les jeunes plants fleurissent vite et donnent des graines qui se répandent rapidement, car mangées par les oiseaux. Ils peuvent être arrachés avant la production de fruits. Pour les arbustes, la coupe et le dessouchage par une équipe compétente est recommandé.
Pour le remplacer : charmille, troène, genévriers ou if.
Buddléia de David
Ses fleurs mauves en grappes attirent les papillons, mais ne sont pas adaptées à la taille de leur trompe. Il s’agit en fait d’un leurre, sur lequel ils ne peuvent pas pondre, ni se nourrir. Très présentes dans le commerce, elles fleurissent en août. Ses inflorescences peuvent être coupées avant la mise en graine. L’arbuste sera arraché et dessouché.
Pour le remplacer : lilas, rosier sauvage, viornes aubier ou lantane, aubépine, sureau noir.
Le Service cantonal de la faune, de la forêt et de la nature (SFFN) a établi une liste des plantes envahissantes, distinguant les espèces à contrôler et celles à éradiquer. Extraits de ses conseils:
Précautions
Certains plantes peuvent provoquer des irritations de la peau, des yeux, voire de violentes réactions allergiques. Par conséquent, mieux vaut toujours porter des vêtements longs et des gants, voire des lunettes de protection (berce du Caucase) ou un masque antipoussière (ambroisie) lorsqu'on veut les éliminer.
Elimination
Transport
La plus grande prudence s’impose lors du chargement et du transport de néophytes envahissantes. Le matériel végétal doit être transporté dans des contenants hermétiquement fermés afin d’éviter toute dissémination accidentelle, notamment de graines, de fleurs ou de racines. Autre risque possible de dissémination involontaire: les appareils, machines de chantiers ou véhicules, à nettoyer soigneusement.
Annonce
Toutes les personnes intéressées sont invitées à enregistrer leurs observations: soit sur le Géoportail du Canton de Neuchâtel, thème: «plantes invasives» (cliquer sur l’icône «annonce de plante invasive». https://sitn.ne.ch/theme/neophytes), soit sur Info Flora sur le carnet en ligne néophytes www.infoflora.ch/fr/participer/mes-observations/carnet-en-ligne.html. Ces informations sont très précieuses.
Suivi
Les 2-3 premières années de lutte sont souvent les plus laborieuses. L’ancienneté de l’infestation d’un site est notamment déterminante. En effet, plus l’infestation est ancienne, plus les graines présentes dans le sol sont nombreuses, et plus le sol est envahi par les parties souterraines des plantes (racines, rhizomes ou tubercules).